Le calendrier lunaire est une méthode ancienne de suivi du temps qui s’organise au travers du cycle de la Lune. Il a toujours eu des implications et des effets sur divers domaines tels que l'agriculture, et donc les vignes, la pêche, la chasse, mais aussi les activités quotidiennes (votre coiffeur en sait sûrement quelque chose…).
Dès le XIVème siècle avant JC., le calendrier chinois se fonde sur le cycle lunaire ; les hébreux, puis les romains ou encore les babyloniens suivront eux aussi cette même approche. La transition vers un calendrier luni-solaire voire solaire se fera petit à petit, pour une synchronisation plus précise du temps avec les saisons. Aujourd’hui, le système solaire est toujours mieux décrit et les mouvements de Lune qui s’y déroulent nous proposent une grille de lecture du quotidien de notre environnement riche et singulière.
Parlons croissance et décroissance
Le rythme synodique de la Lune, ou lunaison, est le laps de temps nécessaire pour que la Lune revienne à la même phase relative par rapport à la Terre et au Soleil.
Très concrètement, le cycle de la Lune croissante/décroissante correspond à l’augmentation et à la diminution de la surface éclairée de la Lune visible de la Terre. La révolution lunaire synodique dure 29 jours, 12 heures et 44 minutes.
Si elle commence en nouvelle Lune, vue de la Terre, la Lune n’est alors pas éclairée donc pas visible. Elle l’est de plus en plus en phase croissante, jusqu’à la pleine Lune pour ensuite être décroissante jusqu’à sa position à nouveau de nouvelle Lune.
Selon les travaux de Maria Thun* ou Rudolf Steiner**, ce rythme n’est pas le plus influent quant à la culture des plantes ; néanmoins les quelques 2 à 5 jours précédents la pleine Lune favorisent la croissance des semis mais aussi le développement des maladies cryptogamiques ou encore le développement des limaces. C’est à ce moment-là que nous devrions utiliser nos infusions et macérations pour se protéger du mildiou.
Sera-t-elle montante ou descendante ?
Le rythme tropique est la durée qui sépare deux passages de la Lune au point vernal (position du Soleil dans le ciel au moment de l'équinoxe de printemps) ; cette révolution dure 27 jours, 7 heures et 43 minutes.
Comme le Soleil au cours de son cycle annuel, montant du 21 décembre au 21 juin puis descendant les 6 mois suivants, la Lune sera de plus en plus haute dans le ciel en phase montante les 13 premiers jours (et quelques) et de plus en plus basse en phase descendante. On parle de printemps et d’automne lunaire.
Qu’en disent les jardiniers ? Durant la période de Lune montante, la montée de sève est plus forte et la plante se remplit de sève et de forces dans ses parties aériennes. Alors on prélève les greffons, on sème, on récolte les légumes feuilles, les fruits qui seront juteux à souhait et on coupe les fleurs pour en faire de jolis bouquets qui dureront. Dans nos vignes, c’est le moment de préparer ses pieds francs ! En Lune descendante, on plante, on repique, on épand, on tond et on taille parce que la repise des plantes est facilitée, l’enracinement se fait en profondeur, les plaies cicatrisent mieux … Taillons et complantons nos parcelles !
Attention aux perturbations
La Lune décrit une orbite en ellipse autour de la Terre ; ainsi la distance Terre-Lune varie entre 356 000 km et 406 700 km. Cette révolution dite anomalistique dure 27 jours, 13 heures et 18 minutes. Au périgée, la Lune est au plus près de la Terre, et son action sur les végétaux est plus forte. Trop ? À l’apogée, les plantes ont tendance à se dévitaliser. Favorable sur les plantes à graines alimentaires ?
Le plan de l’orbite lunaire n’est pas le même que celui de la rotation de la Terre autour du Soleil appelé aussi plan écliptique.
Et lorsque la Lune, dans sa rotation autour de la Terre traverse ce dernier, on parle de nœuds lunaires, ascendants quand elle traverse depuis l'hémisphère céleste Sud vers l'hémisphère Nord et descendants si elle arrive de l’hémisphère Nord. Ce rythme draconitique entraine de nombreuses perturbations énergétiques !
Quant aux éclipses lunaires, il s’agit de cas particulier de nœud associée à la pleine Lune.
Alors, nœuds, périgée, apogée ou éclipse, repos ! Que de rendez-vous pour ne rien faire ! Y compris dans les vignes.
La tête dans les étoiles
Le rythme sidéral correspond à l'intervalle de temps qui sépare deux passages de la Lune en un point défini par rapport aux étoiles. Sa durée est très proche du rythme tropique (à 0,00008 jour prêt) mais diffère de la révolution synodique en raison du fait que lorsque la Lune tourne autour de la Terre, la Terre s'est elle-même déplacée par rapport au Soleil. La Lune prend du retard par rapport au Soleil dans le ciel terrestre. La période sidérale donne donc une représentation plus constante des mouvements réels des objets dans l'espace, sans les effets de la propre orbite de la Terre.
Durant la période sidérale, la lune passera devant toutes les constellations du zodiaque.
Ces dernières ont une longue histoire qui remonte à l'Antiquité. Les premiers indices de l'utilisation des constellations dans l'observation du ciel remontent aux civilisations mésopotamiennes, égyptiennes et grecques. Le mot zodiaque provient du grec et signifie littéralement « cercle des animaux ». Cette division en 12 parties associées aux constellations décrites par Eratosthène, Hiparchus ou encore Ptolémée (IIIème et IIème siècle avant JC.) a été transmise à travers les siècles, influençant les cultures ultérieures et formant la base des constellations du zodiaque que nous reconnaissons aujourd'hui.
Il y en a 13 ! Ophiuchus, également connu sous le nom d'origine latine de Serpentaire, est une constellation « traversée » par le Soleil du 29 novembre au 18 décembre. C’est une treizième constellation déjà identifié sous l’Antiquité mais écartée des constellations du zodiaque (peut-être pour des raisons pratiques en divisant arbitrairement la ceinture céleste en douze portions égales de 30 degrés, ce qui fait 360° au total, ou encore parce qu’elle ne comporte pas d’étoiles très visibles).
Le zodiaque, selon la définition standard, représente la bande du ciel, vue de la Terre, où se déplacent le Soleil, la Lune et les planètes du système solaire, chacun avec sa vitesse, son axe, sa distance.... Cette bande occupe environ 8° de part et d’autre du plan de l’écliptique et on y retrouve une zone d’étoiles, fixes les unes par rapport aux autres ; reliées entre elles pour certaines de ces étoiles par des lignes imaginaires, 12 animaux plus ou moins étranges ont été identifiés ; bélier, lion sagittaire, taureau, vierge, capricorne, gémeaux, balance, verseau, cancer, scorpion, poisson sont aussi les signes que l’on retrouve en astrologie, issus de l’ancienne tradition qui découpent le ciel en 12 zones de 30° chacune ; en astronomie, les constellations visibles dans le ciel sont toutes de dimensions différentes.
De même que la plante est composée de 4 éléments, la racine, la feuille, la fleur et le fruit, les 12 régions zodiacales sont chacune en affinité avec l’un des 4 éléments considérés dès l’Antiquité comme les constituants fondamentaux de l’univers que sont la terre, l’eau, l’air et le feu ; ils forment ainsi 4 groupes d’impulsions de même nature régulièrement distribuées tout autour de la Terre.
Ces impulsions agissent de façon spécifique sur une partie déterminée de la plante. Plus précisément, c’est le passage de la Lune devant la constellation qui stimule fortement son élément. Ainsi, il exerce alors son influence sur la Terre, les plantes, les animaux…
L’élément Terre agit sur la partie enterrée de la plante : la racine. Ainsi lorsque la Lune est devant une constellation de Terre, c’est le moment de semer, planter… plus particulièrement des plantes-racines telles que les carottes, les pommes de Terre et autres légumes poussant dans le sol. Au vignoble, et quand les brebis ne sont plus dans les vignes, c’est la période à retenir pour tondre entre et sous les rangs ; les herbes repoussent moins vite.
C’est la feuille qui est le plus étroitement liée à l’élément Eau. Elle s’étale dans l’espace comme l’eau et varient sous les influences extérieures. C’est le moment de s’occuper de ses plantes-feuilles. Vos épinards et salades n’en seront que plus croquants et gouteux. Dans les vignes, on s’occupera des astes : on relève les fils pour mieux les conduire ou encore, on tresse pour maitriser la pousse.
L’élément Air ne sert pas à la formation ou au fonctionnement d’organes végétaux, mais provoque leur affinement. Il s’exprime dans les parfums des fleurs, leur beauté, leur légèreté. Les plantes-fleurs sont à privilégier durant les constellations qui s’y rapportent et récolter des fleurs pour les sécher leur permettront de conserver plus longtemps la luminosité de leurs couleurs. Les jours fruits peuvent être choisis pour effectuer des travaux liés à l'amélioration de la fertilité du sol, tels que l'ajout de compost ou d'amendements organiques. Nos brebis seront-elles d’accord ?
L’élément Feu apporte à la plante la chaleur nécessaire à la maturité du fruit et de la graine pour une éventuelle reproduction. Pour de meilleurs rendements et de belle productions juteuses, semer, planter, soigner, récolter vos tomates, courges, poivrons… et toutes vos plantes-fruits. Ce sera donc la meilleure période pour vendanger, mais aussi déguster pour retrouver toutes les saveurs et composantes du fruit.
Le calendrier lunaire, enraciné dans la tradition et la spiritualité de nombreuses cultures, offre donc un cadre temporel alternatif qui apporte un nouveau regard sur le calendrier du viticulteur. Mais que d’activités dans notre ciel ! La vendange devrait se faire un jour fruit, en lune montante, loin de la pleine lune, mais aussi des périgées, apogées ou nœuds… et sans pluie ! Sans parler des positions des planètes ou des forces des marées qui feront peut-être l’objet d’un prochain billet d’humeur de La Vie de Château… Il est vrai que la réalité reprend parfois le dessus et que le choix se fait en fonction de ses priorités et de ses convictions. Et puis les avantages du calendrier lunaire ne sont pas toujours étayés par des preuves scientifiques solides, même si nombreuses sont les expériences menées de-ci delà. Quoiqu’il en soit, la connexion du calendrier lunaire avec les cycles naturels et avec l’ensemble de notre environnement nous donne des envies de nouvelles expérimentations quant à la lune et ses effets sur la vigne du Château Hourtin-Ducasse … La nature dicte ses lois, bien sûr, et notre objectif est ainsi de la suivre au plus près de ses règles. Tous les savoirs et expériences sont riches pour toujours mieux la comprendre et toujours mieux l’accompagner.
Quelques trucs et astuces :
Pour repérer une Lune montante ou descendante, définissez un repère (la cime d’un arbre, le toit d’un bâtiment …) qui la positionne en jour J. Le lendemain, en J+1, même heure, sera-t-elle plus haute (montante) ou plus basse (descendante) par rapport au repère ?
Quand vous êtes dans l’hémisphère nord, en regardant la Lune, si vous pouvez dessiner un « p »(comme premiers quartiers) avec le croissant de Lune alors elle est croissante, si c’est un « d » (comme derniers quartiers), alors elle est décroissante.
Pour compliquer un peu plus la lecture de ce billet, toutes les informations reprises ici sont « vues de l’hémisphère nord » ! Pour repérer une Lune montante ou descendante c’est l’inverse de ce qui est raconter quelques lignes plus haut. Et pour la Lune croissante ou décroissante, dans l’hémisphère sud, le « d » sera synonyme de croissance et le « p » de décroissance. À vous de trouver votre moyen mnémotechnique pour vous en souvenir. Malgré tout, le Soleil reste à peu près à sa place !
* Maria Thun (26.6.1922 – 9.2.2012) était une agricultrice et chercheuse allemande, connue pour son travail dans le domaine de l'agriculture biodynamique et de l'influence des cycles lunaires sur les activités agricoles. Elle a élaboré le « Calendrier des semis biodynamique », qui fournit des recommandations spécifiques sur les jours propices aux différentes activités agricoles. Ses recherches et ses publications ont contribué à élargir la compréhension des influences cosmiques potentielles sur les processus agricoles.
** Rudolf Steiner (27.2.1861-30.3.1925) était un philosophe, éducateur, artiste, et occultiste autrichien, connu pour avoir fondé l'anthroposophie et la pédagogie Waldorf. Sa vie et son œuvre couvrent un large éventail de domaines, de la philosophie mystique à l'éducation, de l'agriculture à la médecine anthroposophique. Il a formulé les principes de l'agriculture biodynamique, basée sur une compréhension spirituelle des forces cosmiques qui influencent la croissance des plantes. Ces principes incluent l'utilisation de préparations spécifiques et le respect des cycles lunaires.
Sources : Calendrier biodynamique (MABD), Calendrier lunaire de Michel Gros, Jardinez avec la Lune (Rustica Editions),
https://www.pleine-Lune.org, https://fondation-lamap.org, https://www.ecojardinage.ch, www.astrosurf.com, www.rustica.fr, www.calendrier-lunaire.fr, www.stelvision.com, starwalk.space/fr, www.expemag.com,
コメント